Lit "Pure Bed", Richard Orlinski pour Steiner

Richard Orlinski et Steiner

DESIGNER. Lors du salon Esprit Meuble, la marque Steiner a présenté le premier lit en résine transparente imaginé par Richard Orlinski. Cette œuvre aux lignes douces déploie une agréable sensation de lévitation. Rencontre avec l’artiste.

 

Lors du salon Esprit Meuble qui s’est tenu à Paris, à la Porte de Versailles du 6 au 9 décembre, Steiner a dévoilé « Pure Bed », son nouveau lit en résine transparente signé de Richard Orlinski. Six mois ont été nécessaires pour développer cette œuvre dédiée au sommeil qui révèle des prouesses technologiques. Célèbre pour ses sculptures en résine ou en aluminium, l’artiste est à la deuxième place des créateurs français vivants le plus vendu à travers le monde. « Pure Bed », disponible uniquement sur commande, 160 x 200 cm, 19 900 euros (hors matelas), Steiner (www.steiner-paris.com).

Richard Orlinski

ARTISTE. Richard Orlinski. Né en 1966. Vit et travaille à Paris.

Comment vous est venu l’idée d’un lit aérien, comme suspendu dans les airs ?

Je suis actuellement dans une phase artistique où je m’intéresse à la transparence. Pour ma collaboration avec Steiner, je voulais un lit futuriste qui change de l’ordinaire. C’est aujourd’hui un élément que l’on ne cache plus. Le lit est intégré au décor. Celui-ci s’adapte aussi bien à une décoration ultramoderne qu’à une décoration plus classique.

Ce lit est une œuvre d’art ou un objet design ?

Chacun peut l’interpréter comme il en a envie. Ce lit peut être considéré à la fois comme un objet design et comme une œuvre d’art. « Œuvre d’art » car il y a comme une certaine forme d’expression avec cette transparence et cette lumière. Il est d’ailleurs éventuellement prévu de faire des éditions numérotées comme des œuvres d’art. J’aime l’idée que c’est le premier lit transparent au monde. « Objet design » car il s’intègre à la vie quotidienne et à l’ère du temps. Ce lit pourra être amené à évoluer, à devenir un objet connecté à part entière, en intégrant par exemple des éléments connectés, sans fils. Un ordinateur vivant !

L’objet parfait est-il un objet qu’on ne voit pas ?

Mais ce lit n’est pas un objet ! C’est une création fluide qui vit. Il se voit et le but, c’est qu’il se voit, pas qu’il soit invisible.

Quel est pour vous la différence entre votre métier d’artiste et celui de designer ?

Ce sont deux métiers complètement différents mais je fais les deux ! Le design est souvent assimilé à des artistes comme Philippe Starck qui démocratisent le design dans les objets de la vie courante. Ma démarche à moi est plus élitiste, pas financièrement, mais dans la recherche des matériaux, même si je suis toujours dans le partage. Je veux que tout le monde puisse avoir accès à mon art, tout en évitant l’industrialisation qui ne m’intéresse pas à priori.

Ce lit est-il un moyen de rendre au quotidien le spectateur acteur de son œuvre ?

Oui, c’est ce qui fait de ce lit une œuvre à part entière, que l’on peut contempler, qui se laisse redécouvrir autrement, qui suscite des émotions.

Entre l’idée et la réalité de la conception, quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Oui, j’ai rencontré énormément de contraintes techniques, dans le choix des matériaux par exemple. Habituellement, j’ai l’habitude d’utiliser des matériaux beaucoup plus lourds. Le matériau et l’assemblage ont été une vraie prouesse technologique. Je me suis adapté aux contraintes techniques car si j’avais réalisé ce lit avec les matériaux que j’utilise habituellement, il aurait pesé 450 kilos et aurait donc été impossible à déplacer !

Aurez-vous d’autres collaborations dans le domaine du mobilier ou du design ?

Oui, je suis sur plusieurs projets en parallèle au gré des rencontres que je fais. Par exemple en ce moment, je designe une valise connectée, qui permettra de lire le poids de la valise grâce à un écran car tout le monde est limité en terme de poids. Pour l’instant c’est sur le marché américain, vendu entre 500 et 3000 €. Ce qui compte pour moi c’est le sujet, c’est ciblé par rapport à ce que j’ai en tête. Je fais également un livre illustré pour les enfants, une comédie musicale… Je ne me ferme aucune porte ! Ce matin, par exemple, j’étais dans une classe pour travailler avec des enfants sur le livre illustré que je prépare. Au salon du chocolat, j’ai réalisé une immense sculpture de King Kong en chocolat.